De nombreux étrangers se questionnent sur l’existence du racisme au Japon. Après plusieurs années passées dans ce pays, je souhaite partager mon expérience personnelle sur ce sujet complexe. Si certains étrangers dénoncent régulièrement des comportements qu’ils jugent racistes, la réalité est plus nuancée. Examinons les différentes facettes de cette question, entre malentendus culturels, appréhensions et manque de connaissances mutuelles.
Un Héritage Historique
Il est essentiel de comprendre que le Japon est resté isolé pendant plus de 200 ans durant la période Edo. Cet isolement volontaire a profondément marqué la mentalité du pays. De plus, l’ouverture au tourisme de masse est relativement récente. Aujourd’hui encore, les étrangers ne représentent que 2% de la population japonaise, ce qui explique la persistance de certains stéréotypes et idées reçues.
Les Malentendus du Quotidien
Un exemple fréquemment cité est celui du métro, où certains étrangers remarquent que les places adjacentes à la leur restent vides. Cependant, cette situation n’est pas spécifique aux étrangers : il m’est souvent arrivé d’observer le même phénomène avec des Japonais. De plus, les raisons peuvent être multiples : trajet court, fatigue, ou simple préférence personnelle.
La Crainte de l’Imperfection
Les panneaux « Japanese Only » dans certains bars ou les refus d’entrée dans certains restaurants sont souvent mal interprétés. La plupart de ces établissements sont de petits bars de 3-4 places où la clientèle habituelle vient pour discuter avec le patron. Ils fonctionnent selon des codes culturels spécifiques, notamment un système de frais de table que beaucoup d’étrangers ne comprennent pas. Pour éviter les malentendus, ces établissements préfèrent parfois afficher un panneau maladroit plutôt que de risquer des situations embarrassantes.
Quant aux restaurants qui refusent parfois les étrangers, il s’agit généralement d’établissements ruraux tenus par des personnes âgées, anxieuses à l’idée de ne pas pouvoir communiquer avec leur clientèle étrangère. Leur refus traduit davantage une peur de l’incompréhension qu’un rejet xénophobe.
Le Manque de Familiarité Culturelle
En province, les regards insistants et les « Hello » systématiques adressés aux Occidentaux traduisent davantage un manque de connaissance qu’un véritable racisme. Certains Japonais, comme beaucoup d’Occidentaux qui peinent à différencier les diverses nationalités asiatiques, ont tendance à considérer tout étranger occidental comme américain.
Des Discriminations Réelles
Certaines situations révèlent néanmoins des discriminations plus tangibles. La location d’appartement reste particulièrement difficile pour les étrangers. Si les propriétaires invoquent la complexité du système immobilier japonais (frais d’entrée, reikin qui est cadeau d’un mois de loyer au propriétaire, contrats de deux ans minimum), leurs réticences reflètent souvent des préjugés. Toutefois, ces discriminations ne sont pas propres au Japon et se retrouvent dans de nombreux pays dont la France.
Une Évolution Positive
La nouvelle génération japonaise adopte une attitude plus ouverte. Influencés par les voyages, Netflix et la musique internationale, les jeunes Japonais manifestent une plus grande curiosité envers les autres cultures. Le tourisme de masse pré-Covid a également contribué à cette évolution. De plus, le vieillissement de la population pousse le gouvernement à faciliter l’intégration des travailleurs étrangers, devenus indispensables à l’économie.
Conclusion
Le Japon n’est pas plus raciste que d’autres pays. Les comportements perçus comme discriminatoires résultent souvent d’un manque de familiarité avec les étrangers et d’une appréhension face aux barrières linguistiques. Si des cas de racisme extrême existent certainement, ils restent marginaux. La grande majorité des Japonais se montrent accueillants envers les étrangers.